Pas très fiers nous nous rendons à l'hôpital.
Sentiment de faire des infidélités à SuperGygy, d'aller flirter ailleurs, d'avoir programmé un 5 à 7 avec Grand Ponte.
L'hôpital est très impressionnant. Une sorte de mini-ville avec ses rues, ses grands bâtiments et ses trop rares places de stationnement.
J'angoisse un peu. Rien à voir avec notre petite clinique "familiale".
Rien à voir non plus avec l'image que je m'en faisais. A l'intérieur tout est neuf, pas de peinture décrépie comme je pouvais me l'imaginer.
Grand Ponte est à l'heure (1er bon point). Poignée de main franche, il nous fait entrer dans son antre (qui sent la clope).
On explique notre cas, soutenus par notre dossier qui s'épaissit mois après mois (notre trieur bleu trop petit a fait place à un classeur jaune).
On pige vite que Grand Ponte ne peut pas sentir le Spécialiste (qui opère trop facilement selon lui) et SuperGygy (qui ne m'a pas fait de bilan FC).
Il va même jusqu'à me dire -lorsque je lui parle de mes 2 cœlioscopies et de mes 2 hystéroscopies opératoires- : êtes-vous certaine que vous aviez bien des polypes/ kystes ?
Sous-entendu, des opérations inutiles, pour se faire un peu de blé (mouaih, faut pas non plus abuser, ça pousse loin la "charlatanerie").
D'emblée il se focalise sur Monsieur (et ses spermatozoïdes cotorep). Nous confirme ce que nous pensions : les 4 IAC étaient totalement inutiles dans notre cas. Je savais que j'avais perdu un an et surtout beaucoup d'énergie.
Pour Monsieur il prescrit plus ou moins les mêmes examens que Sypergygy (mais un peu plus complets je crois) ainsi qu'un RDV avec un andrologue (le Spécialiste jugeait inutile tout examen "physique" de Monsieur).
De mon côté, on repart sur un bilan hormonal, l'AMH (2 ou 3 autres trucs dont je ne me souviens plus) et un bilan FC.
Alice in PMALand me l'avait dit : il a un humour un peu brut de décoffrage. C'est vrai. Il nous a fait rire. Il nous a dit qu'on pouvait boire un peu de "pinard" sans pour autant se prendre "une murge tous les weekends". Puis en nous raccompagnant "vous ne pourrez pas prendre tous vos RDV aujourd'hui, vous savez, dans la fonction publique, plus personne ne branle rien à partir de 16h".
Et là il touche du doigt ma plus grosse crainte quant à l'hôpital des miracles : les délais, les difficultés à obtenir un RDV ou même à joindre quelqu'un, bref, la lourdeur, les lenteurs.
Parce qu'il faut l'avouer, on est bien emballés par ce nouveau doc pas conforme à ce qu'on a pu voir jusqu'à présent. Et on se dit que si on pouvait enchaîner une petite FIV3 en septembre ça serait génial.
Un passage au secrétariat miraculeusement encore ouvert a confirmé nos craintes : Monsieur a RDV pour ses examens (test de fragmentation et tout le toutim) le 11 octobre seulement !!!
On comptant un autre RDV pour débriefer les résultats, ça pue la FIV en décembre.
(RDV avec l'andrologue cet été, nous allons y aller avec les résultats de la Clinique, mais la secrétaire nous a déjà prévenu que celui-ci préférerait certainement les résultats du labo de l'hôpital…).
La secrétaire m'a parlé d'étiquettes à faire au secrétariat, ça m'a rappelé certains articles de pmettes que j'ai lu et j'ai flippé à nouveau. J'ai peur qu'au stress habituel lié aux traitements s'ajoute "le stress administratif", le stress du "on tourne en bagnole pendant une heure pour trouver une place", le stress du "pauser une demie journée de congés payés pour faire une simple écho endo", le stress du "bordel mais personne ne répond au téléphone et je dois prendre rdv"…
A la Clinique il y a toujours une place dans le parking sous-terrain, les secrétaires sont joignables même aux heures des repas, en moins d'une heure je passe une écho et fais mes prises de sang… Au pire, j'arrive au boulot avec ½ heure de retard et c'est ça de stress en moins à gérer. Détail non négligeable en période de traitement, quand le moindre cheveu dans le potage peut faire vriller ma journée.
Nous en sommes donc là. Examens en double, consultation en double et l'été pour prendre une décision.
Décision plus ou moins prise. Monsieur est ravi de ce RDV avec Grand Ponte. Ravi qu'on se préoccupe de son cas de ses couilles. Sentiment d'être un peu plus utile et de pouvoir être plus "actif" dans ce parcours de merde. Il me rassure : "Nous ne sommes plus à 3 mois près, tu t'en fiches de passer tous tes congés payés en écho-endo, de toute façon on ne part plus vraiment en vacances depuis qu'on est en PMA".
Il a raison Monsieur, nous ne sommes pas pressés. C'est vrai qu'on ne part plus en vacances, du moins pas plus de quelques jours car je suis une grande angoissée et que voilà "on ne sait jamais" (jamais quoi ?).
Quant au taf, on s'en tape la cacahouète puisque mon ambition professionnelle s'est barrée en même temps que l'idée de faire un bébé couette comme le gens normaux.
Alors tant pis si je me pointe comme une fleur à 11h, un matin sur deux, sous les regards mi- interrogateurs mi-j'en-pense-pas-moins de mes collègues…
Alice, Biscotte, vous m'indiquerez la machine à café et on se fera une petite pma-party aux aurores ?