Ma grosse peur : être du mauvais côté des stats, du côté des couples qui achèveront ce parcours en PMA sans enfant.
Il y a peut-être parmi vous une lectrice qui me comprendra... Je sais qu'en théorie, vous me comprenez toutes, et vous avez surtout le cœur assez grand pour faire preuve d'empathie, vous mettre à ma place.
Mais il y a aussi toi la lectrice qui sait vraiment.
Tu t'es tapé le parcours dans ses grandes largeurs, les IAC, les FIV, le grand schelem quoi !
Si t'es une grande veinarde, tu as même eu une joie (de courte durée) et quelques opérations pour te dévaster un peu plus, un peu plus profondément. Toi tu me comprends hein ?
Au début des "essais bébé", les pmettes qui polluaient les forums dédiés à la grossesse me gonflaient.
Je lisais leurs signatures, c'était flippant. Certaines mettaient des années pour avoir un gosse.
Je n'avais pas envie de lire ça.
Premiers pas dans la PMA, j'avais prévenu Monsieur qu'on n'irait pas jusqu'aux FIV. Dépasser le cadre des IAC me semblait impossible.
Et puis, un échec, deux échecs, trois échecs (je continue ?)... quatre échecs et j'ai hâte de débuter la FIV qui nous donnera notre enfant.
Cinquième, sixième, septième, huitième échec.
Le plus "drôle" c'est qu'on fait partie des cas faciles à priori. C'est de la faute à pas de chance.
L'adoption, on y a pensé. Surtout comme quelque chose d'abstrait.
En théorie, oui l'adoption on est "pour", le principal c'est d'être parents.
Moins j'ai le choix, moins cette idée me semble séduisante. Quelle trouille de se relancer dans un parcours du combattant...
Je suis en colère. 33 ans. Elles sont où nos plus belles années ?
#RLP = Radio Langue de Pute. Belle famille je te conchie.
Ce weekend nous sommes restés à la maison.
Trop tôt pour digérer, nous en sommes encore au stade où on chiale, où on reste scotchés l'un à l'autre comme deux gamins paumés.
Alors on a loupé la petite sauterie à Groland.
La frangine de Monsieur a traversé les frontières pour venir jouer avec son groupe de musique dans son bled natal (bon c'est pas Madonna hein, juste un groupe de nanas déjantées qui font dans le burlesque).
C'était la méga attraction et tous leurs potes d'enfance étaient là.
Notre absence a été remarquée, et jugée par la même occasion.
Nous avions bêtement compté sur un petit mensonge de la belle famille pour expliquer notre non venue (une gastro, une grippe...). C'était les surestimer.
Ils ont dit que nous avions de gros soucis dont ils ne pouvaient pas parler (tout dans la finesse quoi !).
Bande de cons ! Désormais la plupart pense que nous sommes en train de nous séparer, ou que moi, j'empêche Monsieur de voir ses potes et sa famille.
Pourquoi j'ai ce sentiment de devoir payer l'addition de cette infertilité 10 fois ou 15 fois ?!
Monsieur est encore plus en colère que moi. Il est déçu aussi. Pas moi, je n'en attendais pas moins d'eux.
Sa dinde de mère a quand même vendu la mèche aux mères d'un ou deux potes (autant vous dire que tout le monde sera bientôt au courant) et ses arguments sont navrants de connerie : "Y'a pas de honte" , "on est des mamans, on aime bien se raconter nos problèmes" + larmes de crocodiles.
Monsieur va donc être obligé de faire notre coming-out auprès des potes, pour pas que je passe pour une vieille sorcière qui mène son mec à la baguette et puis aussi parce que certains doivent s'en douter, ou se faire des films (à quand la rumeur qui dira qu'on a une maladie mortelle ?).
Mon émancipation (pour finir sur une note positive).
Comme prévu j'ai quitté Monsieur et le chat entre 9 et 11 dpo.
Ma virée en solo m'a fait le plus grand bien.
J'ai redécouvert une ville magnifique, j'ai vu la mer, j'ai arpenté les ruelles pendant des heures.
Merci encore à Magali (une blogueuse) pour ses itinéraires et bons plans.
Ce séjour en tête à tête avec moi-même m'a permis d'être zen pendant l'infernale attente.
Vivre dans un petit cocon sans contrariété et errer à ma guise.
Avoir le sentiment de voyager avec mon embryon et de partager un truc avec lui (c'est con hein ?!).
J'ai tellement pensé à vous mes copines de galère ! Et ce sentiment que vous étiez avec moi, et que ce pèlerinage je le faisais un peu pour vous également. J'avais des choses à me prouver et à vous prouver aussi : je peux être seule, faire des choses pour moi et cela me fait du bien.
J'ai beaucoup pleuré, philosophé, cogité.
J'ai anticipé l'échec, même si j'ai sincèrement cru en une belle réussite.
Ce séjour avait quelque chose de mystique. Je ne suis pas baptisée mais je me suis sentie attirée par les lieux de culte. J'ai même brûlé un cierge devant la petite statue de Sainte Rita. Je ne sais pas prier et je n'ai rien "osé" demander.
J'ai refait le chemin de croix me menant à Notre Dame de la Garde et à chaque étape je pensais à vous, à notre parcours commun.
Très bizarre tout ça pour quelqu'un de très athée et terre à terre comme moi. Je me suis demandé si tout cela ne serait pas plus simple si j'avais la foi ?
Et maintenant ?
- Retourner bosser. Je n'ai pas travaillé une seule journée en novembre. Quelques jours d'arrêt maladie et le reste en congés sans solde.
- Ne pas reprendre la clope, reprendre le régime et le sport.
- Débriefer ce nouvelle échec avec le gynéco, préparer l'ultime fiv remboursée par la sécu.
- Mettre de côté nos projets de l'été dernier (l'acquisition d'une résidence secondaire dans Ville de vieux) et garder nos économies : pour les fiv non remboursées, pour l'adoption...
- Reprendre des forces, retrouver un peu d'espoir.
- Et pour FIV4, me prévoir une nouvelle virée en solo : dans la Capitale des Chtis ou dans celle du Cassoulet, ou toute autre destination à moins de 2h en train ou avion.
Merci, merci, merci à toutes pour vos messages. Je ne m'imagine pas traverser tout cela sans vous. Mais comment elles ont fait les pmettes quand il n'y avait pas internet ?!